La Champagne fait partie des régions hautement œnotouristiques.
AS
Secteur montant de l’industrie du vin, l’œnotourisme génère chaque année 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon une étude.
Le vin est en crise, en proie à des difficultés liées à une déconsommation qui s’accélère et à des phénomènes climatiques de plus en plus intenses, qui rendent sa production plus coûteuse et plus difficile. Mais il peut compter sur une activité en pleine expansion, celle de l’œnotourisme. Longtemps réservé aux plus prestigieux châteaux du Bordelais et aux maisons champenoises, l’accueil d’œnotouristes s’est développé ces dernières années, sous le double effet d’un intérêt accru de la part des consommateurs et du besoin, du côté des producteurs, d’activer de nouveaux leviers de développement.
Selon une étude révélée ce 7 juillet par le cabinet Deloitte, la France accueille 12 millions de visiteurs par an dans ses domaines viticoles, soit deux millions de plus qu’il y a une dizaine d’années. Parmi ces œnotouristes de plus en plus nombreux, 5,4 millions sont étrangers, avec une majorité de Britanniques, de Belges et d’Américains. Des visites qui génèrent 5,4 milliards d’euros de chiffres d’affaires bénéficiant directement aux vignobles – avec une dépense moyenne de 72 euros par visite –, auxquels s’ajoutent 1,6 milliard d’euros supplémentaire liés aux achats de la filière auprès de ses fournisseurs, faisant office d’effet de ruissellement. Avec un impact positif sur les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, de l’artisanat local ou des transports.
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La France, future première destination œnotouristique ?
Les retombées de l’œnotourisme diffèrent selon les régions. Selon Atout France, c’est la Nouvelle-Aquitaine qui attire le plus de curieux chaque année, avec 2,5 millions de personnes, suivie par l’Occitanie et la région PACA (2,3) et de près par le Grand Est (2). L’étude du cabinet Deloitte révèle par ailleurs que plus d’un touriste international sur deux associe fortement l’image de la France au vin et que sur les 100 millions de touristes internationaux qui se rendent chaque année en France, 17 millions ont placé le vin dans «le top 3» de leurs raisons de s’y rendre. Ces chiffres sont révélés alors que la ministre déléguée chargée du Tourisme, Nathalie Delattre, a récemment dévoilé un plan pour structurer l’œnotourisme français et viser la première place européenne d’ici 2030. «La France est la première destination touristique au monde et une référence planétaire en matière de vin : l’œnotourisme est à l’intersection de ces deux forces. Je souhaite que la France devienne la première destination œnotouristique en Europe à l’horizon 2030, a souligné Nathalie Delattre depuis Saumur, insistant sur «la nécessité d’unir les forces pour rendre cette filière plus visible, plus accessible et plus durable».
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En France, l’œnotourisme est véritablement né en 1937 lors de la création de la première route des grands crus en Bourgogne, suivie par celle des vins d’Alsace quinze ans plus tard. Mais ce n’est qu’en 2009 que la filière se structure autour d’un tronc commun sous l’égide du Conseil supérieur de l’œnotourisme. «Comme la France abrite des vignes sur 70% de son territoire, on peut comprendre son identité aux deux tiers grâce à l’œnotourisme. On note par ailleurs que le public se rajeunit», confiait en juin dernier Hervé Novelli, son président, au Figaro. Le label «Vignobles & découvertes» assure la promotion officielle de l’œnotourisme dans l’Hexagone, avec 8704 prestations labellisées, en augmentation de 117% depuis 2016.