Conversation téléphonique avec Poutine | Trump déplore l’absence de « progrès » sur l’Ukraine

(Washington) Dans un rare aveu d’impuissance, Donald Trump a reconnu jeudi n’avoir fait « aucun progrès » visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, lors d’un appel téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine.


Publié à 10 h 05

Mis à jour à 18 h 24

« Non, je n’ai fait aucun progrès » lors de cette conversation, a déclaré le président américain à la presse, ajoutant qu’il n’était « pas content » de la guerre en cours entre les deux pays.

Le président russe venait de lui dire que la Russie « ne renoncera pas à ses objectifs » en Ukraine, tout en se disant ouvert à la poursuite des négociations avec Kyiv.

Il s’agissait de la sixième discussion entre les deux dirigeants depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier.

Elle est intervenue au lendemain de l’annonce par Washington d’une pause dans la livraison de certaines armes à l’Ukraine, plus de trois ans et demi après le début de l’offensive russe.

Les États-Unis sont le principal pourvoyeur d’aide militaire à l’Ukraine et cette décision risque de mettre Kyiv dans une position difficile à un moment où les troupes russes continuent d’avancer sur le front.

En déplacement au Danemark jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé les Européens à accroître leur soutien face à ce qui s’apparente à un désengagement américain.

PHOTO IDA MARIE ODGAARD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky

L’échange entre Vladimir Poutine et Donald Trump jeudi, qui a duré environ une heure, a été qualifié devant les journalistes de « franc » par le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

La Russie « continue à rechercher une solution politique et négociée au conflit » avec l’Ukraine, a affirmé le président russe à son homologue, selon M. Ouchakov.

Vladimir Poutine a « souligné la volonté de la partie russe de poursuivre le processus de négociation » entamé à Istanbul, où ont récemment eu lieu deux sessions de pourparlers directs russo-ukrainiens aux maigres résultats.

Mais « la Russie ne renoncera pas à ces objectifs », a insisté M. Ouchakov.

Ukraine, Iran, Syrie, etc.

Moscou réclame notamment de l’Ukraine qu’elle lui cède quatre régions partiellement occupées, en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce à entrer dans l’OTAN. Des conditions inacceptables pour Kyiv.

MM. Poutine et Trump ont également évoqué les conflits au Moyen-Orient, dont la récente guerre entre l’Iran et Israël et la Syrie, le chef de l’État russe ayant plaidé pour un règlement « exclusivement par des moyens politiques et diplomatiques », d’après M. Ouchakov.

Donald Trump a opéré un rapprochement inattendu avec Moscou, reprenant le contact avec M. Poutine et allant parfois jusqu’à faire porter à l’Ukraine la responsabilité de la situation actuelle.

M. Trump s’était récemment dit frustré par l’absence de progrès pour trouver une issue à ce conflit qu’il avait promis de régler rapidement.

Mardi, c’était le président français Emmanuel Macron qui avait parlé au téléphone avec Vladimir Poutine, pour la première fois depuis 2022, à l’encontre de la politique visant à isoler le maître du Kremlin prônée par les Européens.

Kyiv et ses alliés occidentaux réclament depuis des mois un cessez-le-feu en Ukraine, auquel se refuse Moscou qui estime qu’une pause dans les combats donnerait aux Ukrainiens l’opportunité de se réarmer grâce aux livraisons occidentales.

Frappes en Ukraine et en Russie

M. Zelensky, qui avait précédemment appelé Donald Trump à « changer de ton » avec la Russie et à lui imposer de nouvelles sanctions, a souligné jeudi que des « doutes » planaient « sur la poursuite du soutien américain à l’Europe ».

Il a ainsi exhorté à « renforcer notre coopération et notre coordination au sein de l’UE et de l’OTAN », deux organisations que l’Ukraine ambitionne de rejoindre.

Dans ce contexte, le chef de l’État ukrainien a dit espérer s’entretenir avec M. Trump « demain ou dans les prochains jours ». Les deux dirigeants s’étaient rencontrés en marge du sommet de l’OTAN à La Haye la semaine dernière.

Sur le terrain, les bombardements et les combats ont continué jeudi.

Huit personnes ont été tuées et une dizaine d’autres blessées dans plusieurs frappes russes, notamment sur la ville de Poltava, où a été touché un centre de recrutement de l’armée, et à Odessa, un grand port sur la mer Noire, ont annoncé des responsables ukrainiens.

Côté russe, dans la nuit de mercredi à jeudi, des frappes de drones ukrainiens ont fait un mort et deux blessés dans la région de Lipetsk, à environ 400 km au sud-est de Moscou, selon les autorités locales.

L’armée russe, qui occupe environ 20 % du territoire ukrainien, a quant à elle revendiqué jeudi la prise de Milové, une localité frontalière dans la région ukrainienne de Kharkiv (nord-est). Cette avancée ouvre un nouvel angle d’attaque dans cette zone qui n’a pas connu de mouvements depuis de nombreux mois.

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